Cimaise muséale : un regard sur l’évolution des espaces d’exposition

L'année charnière de 1917 a été marquée par la présentation de "Fontaine" de Marcel Duchamp, une œuvre controversée qui a redéfini les limites de l'art. Ce ready-made, un simple urinoir portant la signature énigmatique de R. Mutt, a non seulement bousculé les conventions artistiques de l'époque, mais a également mis en évidence l'importance cruciale de la muséographie et de l'espace d'exposition dans la manière dont une œuvre est perçue et interprétée. L'intégration de "Fontaine" dans une exposition, avec une scénographie adéquate, aurait pu transformer radicalement la perception de cet objet, démontrant ainsi l'influence considérable de la cimaise muséale sur la signification artistique.

La cimaise muséale, bien plus qu'un simple support mural, représente l'ensemble des éléments constitutifs de l'espace d'exposition : les murs, les socles, les vitrines, l'éclairage, la signalétique et les dispositifs numériques. Elle englobe tous les aspects qui contribuent à la présentation et à la mise en valeur des œuvres, façonnant ainsi l'expérience du visiteur. L'espace d'exposition, par conséquent, n'est pas un lieu neutre, mais un langage visuel complexe qui influence notre perception et notre compréhension de l'art, de son histoire et de son contexte. La conception de l'espace d'exposition est donc une discipline à part entière.

L'évolution de la cimaise est intimement liée à l'histoire des musées, des galeries d'art et à l'évolution des pratiques artistiques elles-mêmes. Nous analyserons les différentes étapes de cette évolution, des cabinets de curiosités aux installations immersives contemporaines, en mettant en lumière les enjeux esthétiques, idéologiques et technologiques qui ont marqué chaque période. La muséologie elle même a évolué, prenant en compte des approches scientifiques pour la conservation, l'éclairage et le contrôle des flux.

Genèse et fonctions fondamentales de la cimaise muséale : de la préservation à la présentation artistique

L'histoire de la cimaise muséale, élément clé de l'architecture muséale, est indissociable de l'évolution des pratiques de collection et de présentation des objets d'art et de culture au sein des musées et galeries. À ses débuts, la fonction première de la cimaise était essentiellement utilitaire : assurer la protection et la conservation des œuvres d'art, avant de se transformer progressivement en un instrument de présentation, d'interprétation et de narration visuelle. La muséographie, science de l'organisation des musées, s'est donc complexifiée.

L'origine utilitaire : la protection et la conservation des œuvres d'art

Les premières collections, comme les célèbres cabinets de curiosités, présentaient un agencement hétéroclite, caractérisé par une accumulation d'objets divers sans classification rigoureuse. L'espace était souvent saturé, chaque artefact rivalisant pour attirer l'attention du spectateur. Le nombre d'objets exposés pouvait dépasser les 20 000 dans les cabinets européens les plus importants, comme celui d'Ole Worm à Copenhague. La conservation primait, bien que les conditions, avec un taux d'humidité souvent non contrôlé et une exposition à la lumière variable, étaient loin d'être idéales selon les normes muséales actuelles. Le concept de mise en scène soignée et réfléchie était inexistant, primant une volonté de documentation exhaustive du savoir accumulé.

La naissance du musée en tant qu'institution publique, notamment avec l'ouverture du Louvre en 1793, a engendré la nécessité d'un espace dédié et de systèmes de conservation plus élaborés. Les murs robustes, l'éclairage contrôlé (bien que rudimentaire à l'époque) et les systèmes de ventilation ont progressivement été intégrés dans la conception des musées. Ainsi, l'ouverture du Louvre a marqué un tournant dans la muséologie et la conception des galeries d'art, nécessitant une nouvelle approche en matière de conservation, de présentation et de gestion des collections.

La fonction initiale de la cimaise, au sein des premiers musées, était donc essentiellement de fournir un support stable et sûr pour les œuvres d'art, les protégeant des dégradations potentielles liées à l'humidité, aux manipulations maladroites et à l'accumulation de poussière. Le Musée du Prado, fondé en 1819 à Madrid, illustre parfaitement cette préoccupation, avec des salles conçues pour minimiser l'exposition des œuvres à la lumière directe du soleil, utilisant des rideaux et des systèmes d'occultation. Les premiers conservateurs étaient principalement préoccupés par la préservation à long terme des collections, plutôt que par la narration visuelle.

L'émergence d'une esthétique : le rôle du décor et de la hiérarchie visuelle dans la présentation

Au fil du temps, la cimaise muséale a cessé d'être un simple élément utilitaire pour acquérir une dimension esthétique, jouant un rôle croissant dans la mise en valeur des œuvres et la création d'une atmosphère propice à la contemplation artistique et à l'appréciation de l'histoire de l'art.

L'influence des salons artistiques, comme le prestigieux Salon de Paris, a été déterminante dans l'émergence de codes d'accrochage et de présentation des œuvres. La visibilité était primordiale pour les artistes, et l'emplacement d'une œuvre au sein du salon pouvait avoir un impact significatif sur sa réception par le public et les critiques d'art. Le Salon de 1725, par exemple, exposait plus de 200 œuvres, créant une compétition féroce pour l'attention des visiteurs. L'établissement de règles d'accrochage, souvent basées sur des considérations hiérarchiques et sociales, devenait alors indispensable pour organiser l'espace et gérer les attentes des artistes.

La "ligne d'horizon" est un exemple éloquent de ces codes esthétiques. Ce principe consistait à accrocher les œuvres en fonction du statut social de l'artiste et de la hiérarchie des genres picturaux, les tableaux les plus prestigieux (portraits de nobles, scènes historiques) étant placés à hauteur des yeux, tandis que les œuvres considérées comme moins importantes (paysages, natures mortes) étaient reléguées en haut ou en bas des murs. Ce système d'accrochage, qui perdura jusqu'à la fin du XIXe siècle, témoigne d'une vision hiérarchique de l'art et de la société.

Les couleurs des murs, les moulures décoratives et l'éclairage (principalement naturel à l'époque) ont également commencé à être utilisés pour créer une atmosphère particulière et guider le regard du visiteur au sein des galeries. Des couleurs sombres, comme le rouge bordeaux ou le vert foncé, étaient souvent privilégiées pour créer un écrin feutré et solennel autour des œuvres. L'utilisation de la lumière naturelle était courante, avec des fenêtres disposées de manière à éclairer les tableaux de façon optimale, créant des jeux d'ombre et de lumière qui accentuaient le caractère dramatique de certaines scènes.

La muséologie du XIXe siècle : organisation rationnelle et catégorisation du savoir dans les musées

Le XIXe siècle a été marqué par l'avènement des musées encyclopédiques, qui avaient pour ambition de rassembler, de conserver et de présenter l'ensemble des connaissances humaines, de l'antiquité à l'époque contemporaine. Cette ambition démesurée a conduit à une organisation rigoureuse des collections par disciplines (archéologie, histoire naturelle, beaux-arts) et à une mise en scène thématique des œuvres, visant à faciliter leur compréhension et leur interprétation par le public.

L'essor des musées encyclopédiques, comme le British Museum fondé en 1753 à Londres ou le Louvre transformé en musée national après la Révolution française, a impliqué une classification rigoureuse des objets par disciplines et par aires géographiques. L'archéologie (égyptienne, grecque, romaine), l'histoire naturelle (botanique, zoologie, géologie), les beaux-arts (peinture, sculpture, arts décoratifs) : chaque domaine avait son propre espace dédié, contribuant à une structuration du savoir et à une pédagogie visuelle. Le British Museum, en 1850, abritait plus d'un million d'objets provenant du monde entier, soulignant la complexité de l'organisation et de la gestion de collections aussi vastes et hétérogènes.

La création de galeries thématiques a permis de mettre en scène les collections selon des critères historiques, géographiques ou stylistiques, offrant aux visiteurs une vision plus cohérente et accessible des différentes périodes de l'histoire de l'art. Par exemple, une galerie pouvait être consacrée à la peinture italienne du XVIe siècle, présentant une sélection d'œuvres de cette période (Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange) et de ce style (Renaissance), accompagnées de cartels explicatifs et de reproductions photographiques. Cette approche didactique visait à faciliter la compréhension et l'appréciation des œuvres par un public de plus en plus large.

Le rôle des vitrines, souvent en bois précieux et en verre soufflé, est devenu essentiel pour protéger les objets fragiles et précieux, tels que les manuscrits enluminés, les bijoux anciens ou les instruments scientifiques délicats, tout en facilitant leur observation par le public. Les vitrines permettaient également de créer une distance physique entre le public et les objets exposés, renforçant ainsi leur statut d'objets de valeur et de savoir, dignes d'admiration et de respect. Le Victoria and Albert Museum, créé en 1852 à Londres, a été un pionnier dans l'utilisation de vitrines sophistiquées pour présenter ses riches collections d'arts décoratifs et de design.

  • Conservation : Protéger les œuvres d'art des dégradations physiques et environnementales.
  • Hiérarchisation : Mettre en valeur les œuvres les plus importantes et les plus prestigieuses.
  • Classification : Organiser les collections de manière rationnelle par disciplines et par thèmes.
  • Présentation : Faciliter la compréhension et l'appréciation des œuvres par le public.

La révolution de la cimaise moderne : un nouveau dialogue entre l'œuvre d'art et le spectateur

Le XXe siècle a été témoin d'une profonde transformation de la cimaise muséale, marquée par une volonté d'épuration, de simplification et de mise en avant de l'œuvre d'art elle-même, au détriment du décorum et des conventions académiques. Le Bauhaus et le mouvement fonctionnaliste, nés dans le contexte de l'avant-garde artistique européenne, ont joué un rôle essentiel dans cette révolution esthétique, en introduisant de nouveaux principes de design et en remettant en question les traditions de la présentation muséale.

Le bauhaus et le fonctionnalisme : l'épuration radicale de l'espace d'exposition

L'influence du design moderne, en particulier celle du Bauhaus, a été déterminante dans l'évolution de la cimaise muséale. Les principes fondamentaux de simplicité, de clarté formelle et de fonctionnalité pratique ont été appliqués à la conception des espaces d'exposition, dans le but de créer un environnement neutre et propice à la contemplation de l'œuvre d'art. Fondé en 1919 par Walter Gropius, le Bauhaus a prôné une approche holistique de l'art, de l'artisanat et de l'industrie, remettant en question les frontières traditionnelles entre les différentes disciplines et valorisant la collaboration entre artistes, designers et artisans.

La suppression des ornements superflus, tels que les moulures rococo, les dorures ostentatoires et les couleurs vives, a été une caractéristique marquante de cette épuration radicale. Les murs blancs, immaculés, sont devenus la norme dans les galeries d'art moderne, créant un fond neutre qui mettait en valeur les couleurs et les formes des œuvres exposées. L'éclairage uniforme, souvent assuré par des néons industriels ou des projecteurs halogènes, a remplacé l'éclairage zénithal, considéré comme trop dramatique et théâtral. Les socles minimalistes, en bois brut ou en métal laqué, ont permis de présenter les sculptures de manière sobre et élégante, sans distraire l'attention du spectateur.

L'importance de la circulation des visiteurs a également été soulignée par les architectes et les muséographes du mouvement moderne. Les concepteurs ont cherché à créer un parcours fluide et intuitif pour le visiteur, en évitant les obstacles inutiles et les distractions visuelles. L'objectif principal était de permettre au public de se concentrer pleinement sur les œuvres d'art et de les appréhender de manière optimale, en créant une expérience de visite agréable et enrichissante. Le MoMA (Museum of Modern Art), ouvert en 1929 à New York, a été un exemple précoce de cette approche fonctionnaliste, avec des salles spacieuses, des murs blancs et une circulation pensée pour faciliter la découverte de l'art moderne.

L'impact du "white cube" : une neutralité illusoire dans les galeries d'art ?

Le "White Cube", ou "cube blanc", est un concept central de la muséologie moderne et de la présentation de l'art contemporain. Il désigne un espace d'exposition idéalement neutre, caractérisé par des murs blancs, une absence de fenêtres et une lumière artificielle uniforme, conçu pour effacer tout contexte extérieur et valoriser l'œuvre d'art elle-même, en la présentant comme un objet autonome et isolé. Ce concept a été popularisé par le critique d'art Brian O'Doherty dans son essai influent "Inside the White Cube" (1976), et a eu une influence considérable sur la conception des musées et des galeries d'art à travers le monde.

Le "White Cube" est caractérisé par une absence quasi totale de repères spatiaux et temporels. Les murs blancs, l'éclairage uniforme et l'absence de décorations contribuent à créer une atmosphère d'asepsie et d'abstraction, où l'œuvre d'art est censée se révéler dans sa pureté formelle. L'objectif est de faire en sorte que l'œuvre soit perçue comme une entité autonome, détachée de son contexte historique, social et culturel. La galerie Marlborough de Londres, dans les années 1960, est souvent citée comme un exemple emblématique de "White Cube", avec ses salles immaculées et son éclairage impersonnel.

La critique du "White Cube" a souligné son caractère potentiellement élitiste, son absence de contexte historique et social, et son impact réducteur sur la perception des œuvres d'art. Certains critiques ont dénoncé l'illusion de neutralité véhiculée par le "White Cube", arguant que cet espace est en réalité porteur d'idéologies et de valeurs spécifiques, favorisant une approche formaliste et décontextualisée de l'art. L'historienne de l'art Carol Duncan, par exemple, a souligné que le "White Cube" renforce l'autorité du musée en tant qu'institution et contribue à la sacralisation de l'art, en le détachant de la vie quotidienne.

Malgré ces critiques pertinentes, le "White Cube" est resté un standard dominant dans le monde de l'art contemporain, en particulier dans les galeries d'art commercial. Son adoption massive et son influence durable témoignent de son efficacité à mettre en valeur les œuvres d'art et à créer une expérience de contemplation esthétique, en privilégiant l'attention visuelle et la concentration intellectuelle. De nombreuses galeries et musées continuent d'utiliser le "White Cube", tout en explorant des alternatives et des approches plus contextuelles de la présentation muséale.

L'émergence de l'installation artistique : la cimaise comme élément constitutif de l'œuvre elle-même

L'émergence de l'installation artistique, dans les années 1960 et 1970, a profondément transformé la relation entre l'œuvre d'art et l'espace d'exposition. Les artistes ont commencé à considérer l'espace d'exposition non plus comme un simple contenant neutre, mais comme un élément constitutif de l'œuvre elle-même, au même titre que les matériaux, les formes et les couleurs. L'installation artistique remet en question les frontières traditionnelles entre l'œuvre et son environnement, invitant le spectateur à une expérience immersive, sensorielle et intellectuelle.

Des artistes tels que Marcel Broodthaers, Gordon Matta-Clark et Robert Irwin ont transformé radicalement l'espace d'exposition en œuvre d'art à part entière. Marcel Broodthaers, avec son "Musée d'Art Moderne, Département des Aigles" (1968-1972), a ironisé sur les institutions muséales, les conventions de la présentation artistique et le statut de l'œuvre d'art. Gordon Matta-Clark, avec ses découpes architecturales audacieuses, a transformé des bâtiments abandonnés en sculptures éphémères, interrogeant les notions d'espace, de propriété et de mémoire. Robert Irwin, avec ses interventions lumineuses et spatiales subtiles, a créé des environnements immersifs qui modifient la perception du spectateur et l'invitent à une expérience sensorielle intense.

L'espace d'exposition devient alors partie intégrante de l'œuvre d'art, jouant avec l'architecture existante, la lumière naturelle ou artificielle, le son ambiant et les autres éléments sensoriels. L'œuvre ne se limite plus à un objet isolé, mais s'étend à l'ensemble de l'environnement physique, créant une expérience globale et immersive pour le spectateur. L'installation artistique invite à une participation active du public, qui est amené à se déplacer dans l'espace, à interagir avec les éléments constitutifs de l'œuvre et à réfléchir sur sa propre perception de l'art.

Cette évolution majeure remet en question les frontières conventionnelles entre l'œuvre d'art et son environnement, entre l'artiste et le spectateur, entre le musée et la vie quotidienne. L'œuvre d'art n'est plus un objet autonome, mais un processus, une expérience, une relation. La cimaise muséale devient un élément essentiel de cette transformation, un outil puissant pour créer des espaces immersifs, interactifs, réflexifs et porteurs de sens.

  • Épuration : Simplification radicale de l'espace d'exposition et suppression des ornements inutiles.
  • Neutralité : Création d'un environnement neutre et impersonnel pour mettre en valeur l'œuvre d'art.
  • Immersion : Intégration de l'espace d'exposition dans l'œuvre elle-même pour une expérience sensorielle intense.
  • Interactivité : Invitation du spectateur à participer activement à la création de sens au sein de l'œuvre.

La cimaise contemporaine : diversité d'approches, interactivité accrue et réflexion critique

La cimaise contemporaine se caractérise par une grande diversité d'approches et de pratiques, reflétant la complexité croissante et la pluralité du monde de l'art actuel. Elle est marquée par une remise en question permanente de la notion de neutralité, un essor spectaculaire des dispositifs numériques interactifs, une volonté d'inclusion accrue et une réflexion critique constante sur les enjeux sociaux, politiques et culturels qui traversent notre société.

La remise en question de la neutralité : le retour du contexte historique et de la narration visuelle

De nombreux musées et galeries d'art contemporain ont remis en question la notion de neutralité de l'espace d'exposition, en intégrant de plus en plus d'éléments de contexte historique, social et culturel dans la présentation des œuvres. Cette approche vise à rendre les expositions plus accessibles, plus engageantes et plus pertinentes pour un public de plus en plus diversifié.

Les musées engagés, tels que le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac à Paris, prennent en compte les problématiques sociales, politiques et culturelles dans leur programmation et leur muséographie. Ils mettent en lumière les questions liées à la colonisation, à l'identité culturelle, à la diversité ethnique et à la justice sociale. Le Musée du Quai Branly, par exemple, a été critiqué pour sa présentation de certaines cultures non occidentales, mais il a également suscité un débat important sur la représentation des cultures minoritaires dans les musées et sur la restitution des objets culturels à leurs pays d'origine. Le taux de fréquentation du musée a augmenté de 15% depuis sa nouvelle orientation.

Le développement de la muséographie narrative a permis d'utiliser différents supports, tels que les textes explicatifs, les photographies d'archives, les témoignages oraux et les vidéos documentaires, pour raconter des histoires et contextualiser les œuvres d'art. L'objectif est de créer un récit cohérent et engageant qui facilite la compréhension et l'interprétation des œuvres par le public, en leur fournissant des clés de lecture et en stimulant leur imagination. L'Imperial War Museum de Londres utilise abondamment des témoignages de vétérans et de civils pour raconter l'histoire des conflits armés du XXe siècle, offrant une perspective humaine et poignante sur les événements.

L'importance du commissariat d'exposition est également soulignée dans la cimaise contemporaine. Le commissaire d'exposition n'est plus un simple organisateur d'événements, mais un interprète, un médiateur, un créateur de sens. Ses choix thématiques, ses associations d'œuvres d'art et sa scénographie globale contribuent à façonner la réception de l'exposition par le public, en orientant son regard et en stimulant sa réflexion.

L'essor des dispositifs numériques : interactivité, immersion et personnalisation de l'expérience

L'utilisation des technologies numériques a révolutionné la cimaise muséale au cours des dernières années, en offrant de nouvelles possibilités d'interactivité, d'immersion sensorielle et de personnalisation de l'expérience de visite. Les écrans tactiles interactifs, la réalité augmentée, la réalité virtuelle immersive et les installations artistiques interactives permettent de créer des expériences muséales plus engageantes, plus ludiques et plus adaptées aux besoins et aux attentes de chaque visiteur.

L'utilisation des technologies numériques, telles que les écrans tactiles et les bornes interactives, permet aux visiteurs d'accéder à des informations complémentaires détaillées sur les œuvres d'art, les artistes qui les ont créées et les contextes historiques, sociaux et culturels dans lesquels elles ont été produites. Le Rijksmuseum d'Amsterdam, par exemple, propose une application mobile sophistiquée qui permet aux visiteurs de scanner les œuvres d'art et d'accéder instantanément à des informations détaillées, des commentaires d'experts, des reconstitutions historiques et des images en haute résolution. Plus de 30% des visiteurs du musée utilisent cette application pendant leur visite.

La création d'expériences immersives, telles que les reconstitutions historiques en réalité virtuelle, les simulations interactives et les installations artistiques immersives, permet de plonger le visiteur au cœur de l'œuvre d'art et de stimuler ses sens (vue, ouïe, toucher, odorat), créant une expérience émotionnelle intense. L'Atelier des Lumières à Paris propose des expositions immersives spectaculaires qui projettent des œuvres d'art classiques sur les murs et les sols d'une ancienne fonderie, créant une expérience visuelle et sonore inoubliable. Ces expositions attirent plus d'un million de visiteurs par an.

L'impact des technologies numériques sur la perception de l'art est un sujet de débat constant. Certains observateurs craignent une dématérialisation de l'expérience esthétique, une perte de contact authentique avec l'œuvre d'art originale. D'autres soulignent le potentiel des technologies numériques pour rendre l'art plus accessible, plus interactif, plus engageant et plus personnalisé pour un public plus large et plus diversifié. L'utilisation des technologies numériques soulève également des questions éthiques liées à l'appropriation culturelle, à la propriété intellectuelle et à la protection des données personnelles.

La cimaise inclusive : accessibilité universelle et décolonisation des savoirs

La cimaise inclusive vise à rendre les musées et les galeries d'art accessibles à tous les publics, sans distinction d'âge, de genre, d'origine ethnique, de niveau d'éducation ou de handicap physique ou mental. Elle est marquée par une volonté de décoloniser les savoirs, de valoriser la diversité des perspectives culturelles et de promouvoir une représentation plus équitable des différentes communautés au sein des institutions muséales.

L'accessibilité universelle implique la mise en place de dispositifs adaptés aux besoins spécifiques des personnes handicapées, tels que les parcours tactiles pour les personnes aveugles ou malvoyantes, les audioguides descriptifs pour les personnes sourdes ou malentendantes, les vidéos en langue des signes pour les personnes sourdes et les rampes d'accès pour les personnes à mobilité réduite. Le Louvre-Lens, par exemple, a été conçu dès le départ pour être accessible à tous les publics, avec une signalétique claire et intuitive, des espaces de repos confortables et des dispositifs de médiation adaptés aux différents types de handicap.

La décolonisation des musées implique une remise en question des narrations occidentales dominantes, une valorisation des cultures minoritaires et une restitution progressive des objets culturels pillés ou acquis illégalement pendant la période coloniale à leurs pays d'origine. De nombreux musées européens et nord-américains, tels que le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac à Paris et le Metropolitan Museum of Art à New York, ont entamé un processus de réflexion critique et de transformation profonde pour mieux refléter la diversité du monde et réparer les injustices du passé. La restitution des bronzes du Bénin par plusieurs musées européens est un exemple concret et symbolique de cette démarche de décolonisation des savoirs et des pratiques muséales.

La prise en compte de la diversité des publics implique de proposer des expériences muséales adaptées aux différents âges, cultures et niveaux de connaissance. Les musées proposent de plus en plus d'activités éducatives pour les enfants, les familles, les adolescents et les adultes, ainsi que des visites guidées en différentes langues, des ateliers de création artistique et des événements culturels thématiques.

Exemples innovants de cimaise : études de cas concrets

A travers des exemples concrets et précis, il est possible d'observer les différentes approches de la cimaise contemporaine et d'analyser leur impact sur l'expérience du visiteur et sur la diffusion de la connaissance artistique.

Le Guggenheim Bilbao, conçu par l'architecte américain Frank Gehry, est un exemple emblématique de musée dont l'architecture audacieuse et la cimaise innovante contribuent à créer une expérience muséale unique et mémorable. Les espaces d'exposition sont vastes, lumineux et flexibles, permettant de présenter des œuvres d'art de toutes tailles et de toutes natures, des sculptures monumentales aux installations multimédias. L'architecture elle-même devient une œuvre d'art, dialoguant constamment avec les œuvres exposées et offrant aux visiteurs une perspective inédite sur l'art contemporain.

L'exposition "Magiciens de la Terre", présentée au Centre Pompidou à Paris en 1989, a marqué les esprits par sa scénographie audacieuse et sa volonté de présenter des artistes du monde entier (occidentaux et non occidentaux) sur un pied d'égalité, remettant en question les hiérarchies traditionnelles du monde de l'art et ouvrant de nouvelles perspectives sur la création contemporaine. L'exposition a attiré plus de 800 000 visiteurs et a contribué à internationaliser le marché de l'art.

Le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac, depuis sa création, repense continuellement son approche muséale pour une meilleure inclusion et une accessibilité accrue. Les collections sont présentées de manière thématique, en mettant en valeur les liens entre les cultures et en déconstruisant les stéréotypes ethnocentriques. Le musée propose également des dispositifs de médiation innovants, tels que des audioguides en plusieurs langues, des vidéos en langue des signes, des ateliers pour les enfants et des expositions temporaires qui explorent des thèmes contemporains liés aux cultures du monde.

  • Musées Engagés : Prise en compte des problématiques sociales, politiques et culturelles dans la programmation.
  • Dispositifs Numériques : Utilisation des technologies numériques pour l'interactivité et l'immersion.
  • Cimaise Inclusive : Accessibilité universelle et décolonisation des savoirs.
  • Commissariat d'Exposition : Rôle clé dans l'interprétation et la médiation des œuvres d'art.

La cimaise muséale a connu une évolution spectaculaire au fil des siècles, passant d'une simple fonction de conservation et de protection des œuvres d'art à un outil complexe de narration visuelle, de médiation culturelle et d'engagement social. Elle est devenue un élément essentiel de l'expérience muséale, façonnant la perception des œuvres, la relation entre l'art et le public et la diffusion de la connaissance artistique à travers le monde.